NOTRE TRANSATLANTIQUE : UN VRAI CHALLENGE !
Dernière mise à jour : 10 févr.
Cela fait longtemps que je veux vous raconter notre grande traversée de l’Atlantique en famille. Voilà plus d’un mois que nous sommes arrivés dans les Antilles maintenant. J’ai attendu un peu avant de vous écrire parce que je crois que papa et maman avaient besoin de temps pour me raconter comment eux aussi l’avaient vécue, cette grande partie de l’aventure !
Si cela ne tenait qu’à moi, petit garçon de 3 ans, je vous dirais que ça n’a pas changé grand-chose. J’ai adoré ! On a joué avec Castille, cuisiné, rigolé, lu beaucoup d’histoires et on a pu se baigner dans notre petit piscine en plein milieu de l’océan. Ce que je retiens surtout, c’est mon anniversaire de 3 ans en pleine mer. Et je crois que papa et maman partagent avec moi ce souvenir comme étant leur meilleur.

Dans cet article spécial, je vais répondre à des questions que l’on nous pose beaucoup depuis notre arrivée . Je vais aussi essayer de partager nos ressentis à tous (bon même si Castille ne parle pas beaucoup alors on ne sait pas trop ce qu’elle pense). Pour vous mettre dans le bain, j’ai réussi à voler quelques mots de maman dans son journal de bord (oui elle écrit tous les jours dans son cahier pour raconter ce que nous vivons). Je vous les partage ci-dessous :
« Nous y voilà, le moment tant attendu ou redouté de notre voyage. Quelle drôle de sensation, apercevoir la terre pour la dernière fois. Quinze à dix-sept jours nous attendent avec pour seule compagnie : nous-même. J’ai peur et je suis excitée à la fois, mais je ne suis pas sûre de réaliser. Nous avons quitté le ponton de la marina ce jeudi 28 novembre 2024 à 10 heures. Plusieurs copains bateaux sont venus nous saluer et nous encourager. On se sent forts à ce moment-là, ça fait chaud au cœur. J’ai pleuré dans mon coin en voyant le Cap Vert s’éloigner en fin de journée. Je me demande ce qui nous attend. Dans plus de quinze jours je pourrais dire que je l’ai fait, en attendant un vrai challenge nous attend ».
Peut être que maman vous partagera un jour les autres extraits de son journal de bord … En attendant je vous raconte sous forme de questions/réponses cette grande aventure.
Quelle a été la préparation de cette grande traversée ?
Papa et maman parlent de cette traversée depuis longtemps, depuis la naissance du projet à vrai dire. Déjà parce qu’elle est plus spéciale que les autres, c’est la plus longue (entre 15 et 20 jours) et la plus impressionnante sans doute. Ils se sont donc préparés dans leur tête depuis longtemps (enfin surtout maman). Et puis bien sûr, il y avait plein de choses à anticiper sur le bateau.
Quelques semaines avant le départ, papa et moi avons sortis nos outils pour faire toutes les vérifications techniques sur Harmattan. D’abord il a fallu vérifier le pilote automatique (c’est un appareil qui maintient le bateau au cap souhaité). Comme on avait déjà eu des mésaventures auparavant, papa a passé des heures à tout contrôler. Bon cela ne nous a pas empêché d’avoir des galères mais ça c’est une autre histoire. Sinon on a aussi vérifié le moteur (vu qu’on avait déjà eu plein de problèmes). On a donc changé les filtres (huile et fuel), changé les courroies, vidangé l’huile et purgé les circuits de fuel. Ça a été un gros travail ! Mais ce que j’ai trouvé le plus amusant c’est quand papa est monté au mât. C’était important de contrôler le gréement (vérifications des haubans qui sont les câbles qui tiennent le mât). C’est une étape nécessaire pour éviter que le mât ne tombe (ça serait moins drôle ça) !
Bon ça c’était pour la préparation matérielle d’Harmattan. Et c’était surtout le travail de papa. Bien sûr, maman avait du boulot elle aussi et je l’ai un peu aidée. Elle devait d'abord s’occuper du plein de nourriture (ce qu’on appelle l’avitaillement). Maman avait déjà anticipé ça avant notre départ de France. Elle avait acheté énormément de "non-frais" avant de partir (conserves, pâtes, riz, crèmes dessert, compotes …) Nous avions donc déjà des cales bien pleines. Mais bon, entre temps se sont passés quatre mois de voyage et il a donc fallu racheter certaines choses. Comme le départ se fait depuis le Cap Vert, il a fallu anticiper quelques courses aux Canaries car on y trouve « à peu près » de tout. Et pour tout ce qui est fruits, légumes et produits frais, on a dû se contenter de ce qu’on a trouvé au Cap-Vert. Ce n’était pas toujours facile d'acheter ce que l'on voulait mais nous avons quand même réussi à trouver quelques bonne choses. Et pour les fruits et légumes ce n’était pas compliqué ! Une fois les courses faites, maman a pris son ordinateur pour répertorier dans son inventaire tous les stocks afin qu’ils soient à jour. Comme ça, quand elle cuisine elle sait si elle a tel ou tel aliment en stock et où il se trouve dans le bateau !
Côté cuisine, maman a encore bien anticipé. Comme les départs de navigations peuvent être un peu mouvementés, il vaut mieux cuisiner un peu en avance pour avoir des repas rapidement prêts et réconfortants. Alors, deux jours avant le départ, nous avons cuisiné des quiches, des cakes, des salades, des compotes … Et vu le début de navigation que nous avons eu, nous étions bien contents d’avoir de bonne choses à manger !!
Enfin, les dernières grandes choses à faire dans la « checklist » de maman (elle adore faire des listes pour penser à tout), c’était le plein d’eau et de diesel. Il fallait aussi faire des machines de linge pour être à jour. Pour le plein d’eau, nous sommes partis avec deux réservoirs pleins (un total de 380 litres) et 120L d’eau en bidon sur le pont. Nous n'en avons consommé que 300 litres en tout (l'équivalent de 2 bains).
Puis, une fois qu'Harmattan était fin prêt, il restait une chose primordiale à vérifier…
Quelle était la météo annoncée ?
A la météo … ! Avec papa c’est la grande histoire d’amour (ou pas). C’est un gros travail car il faut vérifier si les conditions annoncées pour les premiers jours de navigation sont bonnes (on ne peut pas prévoir à plus de 5/10 jours). Chaque année, pendant l'hiver, un vent constant s'installe entre le Cap-Vert et les Antilles. C'est ce qu'on appelle les alizés. Il faut attendre que ceux-ci soient établis afin d'être poussé tranquillement vers l'Ouest. D'après la météo annoncée, les conditions s’annonçaient plutôt tranquilles au moins pour le début. Papa s’est conforté dans sa décision de départ en arpentant le ponton du port de Mindelo. Des dizaines d’autres bateaux étaient comme nous au port, prêts à partir. Et plusieurs d’entre eux envisageaient un départ le même jour que nous. Après une première date de départ annoncée : le 27 novembre dans la matinée, nous avons finalement décalé le départ au lendemain car maman était encore un peu fatiguée (elle est tombée malade quelques jours avant le départ) et nous n’étions pas tout à fait prêts. .
Donc après des jours de réflexion, des mois d’anticipation, la date de départ était arrêtée : nous quitterions le Cap-Vert pour les Antilles le 28 novembre 2024 au matin.
Avec qui sommes- nous partis ?
Papa et maman voulaient avoir un équipier en plus pour cette traversée. Même si nous aimons beaucoup les traversées en famille, celle-ci s’annonçait longue et fatigante. Ils voulaient pouvoir avoir du relai pour la surveillance du bateau la nuit et avoir un coup de main supplémentaire pour les manœuvres. Nous sommes donc partis avec Thibault, un ami de papa et maman. Au moment de l’annonce de leur projet à leurs amis il y a deux ans, ils avaient tout de suite discuté avec Thibault qui était motivé pour faire la grande traversée avec nous. Il rêvait de faire ça une fois dans sa vie. Sur le coup papa et maman avaient gardé ça en tête mais ils ne savaient pas trop si c’était un vrai engagement de la part de Thibault. Et pas du tout ! Thibault avait bien gardé ça en tête et ils nous a donc rejoint à Mindelo, au Cap Vert, le 25 novembre en vue de la grande traversée.

Quelle a été la météo pendant notre traversée ?
Venons en au vif du sujet ! Ce que papa dit beaucoup c’est que ce n’était pas la météo annoncée. Les premiers jours ont vraiment été difficiles pour les adultes, on se faisait beaucoup secouer. La houle était importante et le vent assez fort. Ce n’était pas très confortable pour vivre à bord. Surtout maman avait un peu le moral dans les chaussettes. Elle ne s’imaginait pas pouvoir vivre ça pendant 17 jours de traversée … Bon nous avec Castille ça ne nous a pas beaucoup impacté. Moi j’ai l’habitude, quand le bateau gîte je trouve ça marrant, je fais du toboggan ou sinon je sais où me tenir. Tous les deux on a donc continué tranquillement notre vie et on dormait très bien la nuit. C’est pour papa, maman et Thibault que c’était difficile. Heureusement personne n’a eu le mal de mer ! Les nuits n’étaient pas reposantes et confortables. La deuxième moitié de la traversée a été plus tranquille au niveau des conditions de vent et de mer (moins de houle). On a même eu de la pétole les trois derniers jours (je répète ce que dit papa, mais ça veut dire pas de vent), on ralentissait beaucoup du coup. Maman ne voyaient plus le bout du tunnel et par moment ça l’énervait beaucoup. Surtout que les dernières nuits ont été les plus fatigantes. Ils ont dû affronter plusieurs grains (coups de vent) et des orages en pleine nuit. Le problème c’est que nous le matin on se levait en pleine forme donc c’était pas reposant pour mes parents qui devaient continuer à être d’attaque pour s’occuper de nous. Moi je faisais de mon mieux pour leur changer les idées, je faisais le rigolo !
En résumé Harmattan a bien avancé sur la première moitié de la traversée compte tenu des conditions de vent fortes mais favorables. En revanche, on s’est un peu « traînés » sur la deuxième moitié comme le vent avait bien baissé. On a donc mis 17 jours depuis le Cap Vert pour atteindre la Martinique.
Et côté pêche qu’est ce que ça a donné ?
De ce côté-là c’est plutôt la loose comme dirait maman ! On a été un peu nuls, on a rien pêché. Je répète on a RIEN pêché ! Il faut dire que les premiers jours on s’est tellement fait secouer que l’on avait moyen envie de mettre la traîne et découper le poisson. On allait trop vite aussi. Sur la deuxième partie la mer était moins pénible mais pour le coup aucune excuse on était nul. Papa dira qu’il y avait trop de sargasses (plaques d'algues à la dérive en pleine océan) et que le nouveau leurre était nul. Moi je pense plutôt que c’est encore parce qu’il n’aime pas le poisson qu’il dit ça. Moi j’étais déçu car j’aime beaucoup le poisson et les fruits de mer. En plus maman avait acheté pas mal de choses pour cuisiner le poisson : riz à sushis, chapelure … Donc on ne retiendra pas la pêche à bord pour la transat, contrairement à certains de mes copains sur les autres bateaux qui eux ont eu du poisson tous les jours !
Quelle était l’organisation/ le rythme à bord ?
Nous avons mis quelques jours à trouver notre rythme à bord. Les huit premiers jours ont été les plus longs et les plus difficiles. Déjà il fallait s’acclimater à la météo et puis chacun devait trouver ses marques. Petit à petit, une sorte de routine s’est installée pour tout le monde. Maman disait qu’heureusement que nous étions là aussi avec Castille car nous rythmions les journées. Quand c’était difficile pour papa et papa, nous étions là pour les faire rire et les distraire. Ils ne pouvaient pas se laisser abattre !
Pour vous donner une idée d’une journée au milieu de l’océan sur Harmattan, je vous raconte une journée type. Avec Castille nous nous levions vers 8h/8h30 le matin. Nous prenions alors le petit déjeuner tous ensemble. Vers 9h c’était la connexion journalière à « Starlink » pour envoyer des nouvelles à la famille et regarder la météo. Après s’être habillés, on jouait avec Castille aux legos, au train, on écoutait des histoires ou maman nous lisait des livres.
Castille faisait une sieste le matin aussi comme ça je pouvais être un peu tranquille tout seul. Ensuite vers 11h30 venait la préparation du déjeuner. Il fallait compter un peu de temps de préparation pour les repas avec la gîte. Nous avons toujours eu de très bons repas, ça remotivait les troupes. Maman avait préparé une liste de recettes variées à l’avance, nous n’avons jamais mangé deux fois la même chose ! Par exemple on a eu des hot dog (avec le pain maison), des pizzas maison, des salades, des croques monsieur, des vraies pâtes carbonara, des petits salé de lentilles, du couscous, des gratins … Généralement nous déjeunions dehors au soleil, mais c’était rapide car il faisait vraiment très chaud.
Après le repas, Castille et moi faisions une grosse sieste. Cela laissait le temps à Papa, maman et Thibault de se reposer, de lire ou de regarder un film. Nous étions réveillés pour l’heure du goûter. Parfois il y avait un gâteau ou des crêpes, c’était trop chouette. Après le goûter c’était super car nous avions le droit d’aller dans la petite piscine gonflable dans le cockpit. Thibault la remplissait d’un peu d’eau de mer et nous jouions pendant des heures. C’était trop bien ! Maman nous donnait ensuite une douche avec un rinçage à l’eau douce, c’était agréable ! Une fois en pyjama on retournait jouer et moi j’ai eu le droit quelques fois de regarder un petit dessin animé. Le soleil se couchait très tôt, vers 18 heures environ. A ce moment-là, les adultes s’attaquaient à la préparation du dîner. Généralement je dinais avec Castille avant. Une fois couchés, papa maman et Thibault pouvaient dîner tranquillement avant de prendre leurs quarts de nuit. Maman prenait le premier quart de 21h à 00h30. Puis c’était le tour de papa jusqu’à 04h30. Et enfin Thibault prenait le dernier quart jusqu’au matin. Pendant leurs quarts de nuit, chacun lisait, dormait un peu (avec des alarmes toutes les 15/20 minutes pour faire un tour de surveillance), regardait un film ou écoutait des podcast. Certaines nuits bien sûr, ce rythme n’était pas trop respecté car ils étaient tous levés en même temps pour gérer les problèmes.
Voilà vous avez maintenant une idée de notre organisation à bord. Au bout de 17 jours nous avions bien pris le rythme mais c’est vrai que c’était un peu long pour tout le monde. Moi j’ai été bien patient et sage avec Castille pendant la traversée. Mais à la fin j’en avais un peu marre, j’avais besoin d’aller courir à terre. Castille aussi d’ailleurs avait besoin de bouger. Pendant la traversée, elle a appris à se mettre assise, debout et à faire du quatre pattes. Tout ça en même temps, c’était pas reposant !
Quel a été notre meilleur souvenir ?
Moi c’est sûr c’était mon anniversaire de 3 ans au milieu de l’océan. Et je crois que pour papa et maman aussi. Pour ceux qui ne le savent pas, je suis né le 8 décembre. A ce moment-là nous étions pile au milieu de notre traversée. Cette journée de fête était donc bienvenue et elle a permis d’oublier un peu les galères le temps d’une journée. J’attendais ce jour avec impatience. Maman avait tout prévu pour faire un vraie fête : ballons, musiques, serviettes et gobelets patpatrouille (mon dessin animé préféré), bougies … Pour l’occasion tout le monde s’était mis en cuisine sauf moi bien sûr. J’ai été très gâté : un bon gâteau au chocolat, des fajitas, des bonbons et pleins de cadeaux (des pelleteuses et des tracteurs). On a chanté, on a dansé, on s’est baignés dans la piscine gonflable avec Castille dehors. C’était génial. Je ne suis pas prêt d’oublier cette journée pas banale !
Quelles ont été nos galères ?
Pour finir, la question qui vous intéresse peut-être le plus : nos galères. Comme tout le monde on en a eu des petites et des plus grosses. Bien sûr rien de dramatique et aujourd’hui papa, maman et Thibault en rigole sans doute. Mais sur le coup ils en ont quand même bien bavé. On va commencer par le pilote automatique. Ce n’est pas comme si c’était la première fois depuis le début du voyage qu’il nous faisait des frayeurs. C’est arrivé une première fois en pleine nuit, la veille de mon anniversaire. Comme dit maman les problèmes arrivent toujours la nuit comme par hasard. Le seul avantage dans ces cas-là pour eux c’est que Castille et moi on dort et comme ça ils n’ont pas à nous gérer. Donc en plein nuit le pilote se met à sonner. Et cette alarme là papa et maman la connaissait et l’appréhendait. Si cette alarme sonne cela veut dire que le pilote ne fonctionne plus et c’était la hantise suprême. Si le pilote ne fonctionne plus ça veut dire barrer le bateau non-stop, jours et nuits et ça c’est fatiguant pendant 17 jours. Sur le coup tout le monde se lève pour voir quel était le problème. Il devait être à peu près 2 heures du matin. Papa comprend tout de suite ce qu’il s’est passé. Les soudures du moteur du pilote ont lâché, comme la dernière fois. Ce qui est bien c’est que papa et maman connaissaient le problème et papa savait comment le résoudre. Ce qui s’annonçait plus compliqué c’était de réaliser des soudures dans une mer agitée. On avait heureusement à bord un fer à souder. Thibault a pris la barre le temps que papa et maman s’installe à la table à cartes pour faire les soudures. En une heure, malgré la mer formée, et avec beaucoup de concentration et de patience, les soudures étaient faites. Papa réinstalle le pilote et miracle : il fonctionne à nouveau. La question qui subsiste c’est : pour combien de temps ! Et fin du suspens …. Il a tenu une journée ! La nuit suivante une autre soudure lâchait ; c’était moins la panique puisque tout le monde était rodé et savait ce qu’il fallait faire. Cette fois-ci, papa s’applique plus pour faire les soudures afin qu’elles tiennent jusqu’à la fin de la transat. Et après une heure de bricolage, les soudures étaient parfaites et ont bien tenu jusqu’à l’arrivée et même après encore ! Plus de peur que de mal finalement !
L’une des autres inquiétudes à bord fut celle de la barre de flèche. Papa s’en ai rendu compte au bout de deux jours de traversée et cela l’a beaucoup inquiété. Comme il n’y avait rien à faire à part une petite consolidation avec des bouts, il fallait juste surveiller. Cette inquiétude l’a donc suivie tout le long de traversée. Et là où il est fort c’est qu’il n’en a pas parlé pour préserver tout l’équipage et surtout pour ne pas inquiéter maman ! Heureusement, le mât a bien tenu et une fois arrivé au port en Martinique papa s’est empressé de monter au mât, avec l’aide de Thibault, pour réparer tout ça. Encore une fois, plus de peur que de mal !
Il y aussi eu des épisodes d’orages et de grains pendant les nuits précédents l’arrivée. Cela a sans douté été les nuits les plus fatigantes pour tout le monde. Il y a eu trois nuits au moins pendant lesquels c’était la « boîte de nuit » dans le ciel. Il y avait beaucoup d’éclairs mais pas de bruit du tonnerre. Le premier soir l’orage n’était pas loin mais pas au-dessus de nous. Cela n’a pas empêché les angoisses. C’était impressionnant même si d’après papa il y a moins de risque de prendre la foudre en mer qu’à terre. Il n’empêche qu’il a tout mis en place pour assurer notre sécurité : réduction de la voilure, installation d’une chaîne dans l'eau pour faire paratonnerre, protection des appareils électroniques. Pour le coup, la deuxième fois l’orage était vraiment au-dessus du bateau pendant au moins une heure. Encore une fois c’était impressionnant mais il ne s’est rien passé. Avec Castille heureusement on dormait !
Sur la fin de la traversée comme il y a eu des périodes sans vent, nous avons dû allumer le moteur par moment. Et comme avec le moteur il y a souvent un problème, nous n’avons pas été en reste cette fois-là.
Le presse-étoupe (c'est un joint en caoutchouc qui permet de d'empêcher l'eau de rentrer dans le bateau par l'hélice du moteur, donc c'est une pièce essentiel de notre sécurité) s'est mit à chauffer ce qui aurait pu le fragiliser et nous créer une voie d'eau. Heureusement, Thibault s'en ait aperçu vite et ils l'ont surveillé en permanence avec papa.
Comment était l’arrivée ?
Après dix-sept jours de mer nous sommes arrivés en Martinique, en pleine nuit. Comme je dormais, je préfère vous laisser avec quelques mots écrits dans le journal de bord de maman qui vous racontera ça mieux que moi.
« La terre, enfin ! Après dix-sept jours sans rien à part deux ou trois bateaux aperçus, je distingue au loin quelques sommets : la Martinique. Il est 17 heures, nous sommes le 15 décembre 2024 et nous approchons tout doucement des Antilles. Quelle drôle d’impression que de voir des paysages après tout ce temps. Il nous reste plus que quatre ou cinq heures de navigation avant l’arrivée. Ces dernier miles sont les plus interminables paradoxalement. Nous sommes épuisés et un peu à cran. Il est temps de s’arrêter. Vers minuit nous avançons dans la baie de Sainte Anne à la recherche d’une place au mouillage. L’arrivée n’est pas évidente de nuit surtout qu’il y a énormément de casiers de pêcheurs à guetter et qu’il … pleut ! Finalement nous mouillons l’ancre vers minuit et demi, la baie est clame. Nous éteignons alors le moteur, tous les instruments et puis c’est le silence total. Plus rien, plus de remous, plus de bruits de la coque qui tape dans l’eau, plus de bruit du pilote. Cela promet une bonne nuit de sommeil avant de découvrir la beauté de la Martinique, demain ! »
Voilà, j’ai essayé de vous raconter au mieux cette grande étape de notre voyage. Nous sommes maintenant arrivés aux Antilles et nous profitons du soleil et de la plage. Je vous raconte très bientôt nos aventures en Martinique.
A très vite,
Aymard
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